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Histoire de la caféiculture

Fleur de caféier robusta

Le caféier est probablement originaire d'Éthiopie, dans la province de Kaffa, mais la question n'est pas absolument tranchée. La légende la plus répandue veut qu'un berger d'Abyssinie ait remarqué l'effet tonifiant de cet arbuste sur les chèvres qui en avaient consommé. Sa culture se répand dans l'Arabie voisine, où sa popularité a très certainement profité de la prohibition de l'alcool par l'islam. Il est alors appelé K'hawah, qui signifie revigorant. Les données archéologiques disponibles aujourd’hui suggèrent que le café n’aurait pas été « domestiqué » avant le xve siècle : le processus d'élaboration de la boisson, long et complexe, explique peut-être la découverte tardive des vertus des graines de caféier, au premier abord peu attractives. Des découvertes récentes (1996) d’une équipe archéologique britannique, qui restent à confirmer, laissent entrevoir la possibilité d’une consommation ayant commencé dès le xiie siècle, en Arabie.

Un essor dans tout le monde arabe, puis en Europe

L'usage du café était très ancien en Abyssinie. Shehabeddin Ben, auteur d'un manuscrit arabe du xve siècle, cité dans la dissertation de John Ellis (Historical account of Cojfee, 1774) dit qu'on employait le café en Abyssinie depuis un temps immémorial. L'usage, même médical, ne s'était pas propagé dans les pays voisins lors des croisades, car les croisés n'en eurent pas connaissance, et le célèbre médecin  Ebn Baithar, né àMalaga, qui parcourut le nord de l'Afrique et la Syrie au début de l'ère chrétienne, n'en dit pas un mot non plus 1.

Les musulmans introduisent le café en Perse, Égypte, Afrique du Nord et en Turquie, où le premier café, Kiva Han, ouvre en 1475 à Constantinople (actuellement Istanbul). La consommation de café prit son essor dans tout le monde arabe. On dénombre un millier de cafés au Caire en 1630.

Le café arrive en Europe aux alentours de 1600 par les marchands vénitiens. On conseille au pape Clément VIII d'interdire le café car il représente une menace d'infidèles. Après l'avoir goûté, ce dernier baptise au contraire la nouvelle boisson, déclarant que laisser aux seuls infidèles le plaisir de cette boisson serait dommage.

L'usage du café ne pénétra dans l'Europe occidentale qu'au milieu de la seconde moitié du dix- septième siècle. Il fit des progrès assez rapides, et pour y satisfaire il fallut également avoir recours, malgré leur grande cherté, aux fèves d'Arabie, qui reçurent alors des Européens le nom de café de Moka, parce que c'est de ce port de la mer Rouge qu'elles étaient exportées. Ces cafés arrivaient par Suez à Alexandrie où ils étaient pris par des navires de Venise, de Gênes ou de Marseille, pour être distribués dans toute l'Europe.

Vers les années 1650, des cafés ouvrent à Oxford et à Londres. Les idées libérales y naissent, les philosophes et lettrés s'y retrouvant, autour de pamphlets et libelles. En 1676, cette agitation incite le procureur du Roi à ordonner la fermeture des cafés, citant des crimes de lèse-majesté contre le roi Charles II . Les réactions sont telles que l'édit de fermeture doit être révoqué. On compte plus de deux mille cafés en 1700  au Royaume-Uni en pleine Révolution financière britannique. La célèbre compagnie d'assurances Lloyd's of London est à l'origine d'un café fondé en 1688 : le Lloyd's Coffee House. La Bourse de Londres, dans sa version moderne, naît aussi dans un café, le célèbre Jonathan's Coffee-House, où se retrouvent les courtiers hollandais et où naît la première liste d'actions.

Les hollandais diffusent le moka dans les plantations d'Asie

En 1670, le premier café ouvre à Berlin. À Paris, Jean de Thévenot introduit le breuvage, et le café Procope est le premier à ouvrir dans cette ville et, en 1686, on y invente une nouvelle manière de le préparer : en faisant percoler de l'eau chaude dans le café retenu par un filtre. Un monopole est consenti par le roi en 1692 à maître François Damame, bourgeois de Paris.

Marseille eut en France, jusqu'au commencement du dix-huitième siècle, le monopole de ce négoce, qui donnait les plus beaux bénéfices; mais dès 1710 il lui survint une concurrence redoutable de la part d'une Compagnie de commerce de Saint-Malo qui avait entrepris, et réussi à merveille, de chercher directement les cafés d'Arabie dans la mer Rouge, en doublant le cap de Bonne-Espérance.

Jusqu'à la fin du 17e siècle, tout le café consommé en Europe arrive d'Asie. Le moka est importé à Ceylan en 1658 et à Java en 1696.

Nicolas Witsen, d'Amsterdam, l'un des hollandais de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales a en 1690 importé le café d'Éthiopie pour l'acclimater en Indonésie à Batavia avant de le cultiver aussi dans les années 1718 au Surinam, conquis par la Hollande en 1666.

L'expédition de Moka et l'implantation à la Réunion

Les corsaires malouins organisèrent ensuite entre 1708 et 1715 les trois grands voyages successifs, contournant l'Afrique, appelés tous les trois "expédition de Moka", vers cette ville du Yémen, qui leur permirent de désarmer plusieurs navires hollandais et anglais croisés et route et de ramener 1 500 tonnes de café à Saint Malo.

En 1712, juste avant le Traité d'Utrecht signant la paix entre la France et la Hollande, les magistrats d'Amsterdam, en particulier s le bourgmestre M. De Brancas, successeur de Nicolas Witsen, envoyèrent un pied de café en bon état et couvert de fruits, à Louis XIV. Ce plant mourut et les hollandais en envoyèrent un second en 1714 au Roi de France, qui le fit soigner dans son jardin de Marly-le-roi et commanda la deuxième expédition de Mokka, pour l'implanter à la Réunion, où ce café devient le Bourbon pointu.

Louis XIV, qui était dans sa dernière année, multiplia aussi le Caféier dans les serres du jardin du Roi à Paris, qui devinrent le Jardin des Plantes. L'un des professeurs de ces serres, Antoine de Jussieu, avait déjà publié en 1713, dans les Mémoires de l'Académie des sciences, une description intéressante de la plante, d'après le pied que Paneras, directeur du jardin d'Amsterdam lui avait envoyé en 1712.

En 1714, Guillaume Dufresne d'Arsel participa à la deuxième expédition de Moka. La Cour de Paris ayant découvert et apprécié le goût du café, la Compagnie des Indes le charge d’implanter sur l’île Bourbon ( Réunion ) des plants de caféier venant de Moka. Il fut chargé de cette mission, en vertu d'ordres Royaux reçus par un autre bateau, L'Auguste de M. de la Boissière, le 27 juin 1715 envoyé par le Secrétaire d'État à la Marine, Jérôme Phélypeaux de Pontchartrain.

À la fin du mois de septembre 1715, six plants de café Moka sont offerts à Louis XIV par le sultan et ensemencés à Saint-Paul de la Réunion, du temps d'Antoine Desforges-Boucher, gouverneur de Bourbon. La compagnie des Indes organise alors la production, facilite l'achat de graines, construit des greniers et des routes. Elle offre des concessions gratuites à tout colon de 15 à 60 ans. à condition de planter et d'entretenir 100 plants de café. Le gouverneur Benoît Dumast intensifie la culture du café et s'enthousiasme :"On ne peut rien voir de plus beau, écrit-il au ministre le 27 avril 1728, que les plantations de café qui se multiplient à l'infini. Cette île sera dans peu capable d'en fournir au-delà de la consommation du royaume.

Le café fit la fortune de l'île de la Réunion pendant bien longtemps, la "variété Bourbon" ou Bourbon pointu fut jugée la meilleure. Il est cultivé en quantités commerciales à la Réunion, à partir de 1726. Le développement de cette ressource s'accompagne d'un fort courant d'importation d'esclaves. En 1704, l'île de la Réunion ne comptait que 734 habitants, en 1754, c'est 17.000. Jusqu'en 1735, l'exportation annuelle de café atteint les 100.000 livres annuelles, puis elle passe à 2.500 .000 livres en 1744. L'île Bourbon « accueille » 1 500 esclaves supplémentaires par an.

Le Surinam en 1718 et la Guyane en 1725

Les premiers Caféiers d'Amérique furent introduits à Surinam par les Hollandais, en 1718. De la Molle-Aigron, gouverneur de Cayenne, en Guyane, ayant été au Surinam, en obtint quelques-uns en cachette et les multiplia en 1725. Il en planta mille à douze cents pieds dans ses habitations.

Gabriel de Clieu offre un caféier à la Martinique en 1723

La culture du café s'étendit à la Guyane française voisine, puis à la Guadeloupe et à Saint-Domingue mais en ayant passé au préalable par la Hollande et par Paris.

Louis XIV reçoit en 1714, en son château de Marly-le-Roi, un pied de caféier qui lui est envoyé par le bourgmestre d'Amsterdam, de Brancas. Il les confiera aux botanistes du Jardin du roi, l'actuel jardin des Plantes. Le colonel d'artillerie de Ressons en avait ramené aussi en 1712 un autre pied d'Amsterdam. De là naît aussi l'idée de relancer l'expédition de Moka.

En 1720, le capitaine d'infanterie Gabriel de Clieu est autorisé à revenir dans son île de la Martinique avec deux des quatre plants d'Amsterdam. En 1723, il emmène un de ces pieds à la Martinique et le confie au colonel des milices Claude de la Garrigue de Survilliers. Après un voyage épouvantable, un seul plant arrive à destination, mais l'essentiel est préservé. Dix-huit mois plus tard, un kilo de cerises est récolté, puis replanté dans les îles françaises de la Guadeloupe et de Saint Domingue. Cependant, l'île n'en compte toujours que 200 pieds en 1726, selon les écrits du Père Labat. Le 7 novembre 1727, une terrible tempête détruit les cacaoyers, ce qui donne des terres disponibles pour les caféiers.

En 1728 c'est le chevalier anglais Nicholas Laws qui l'acclimate à la Jamaïque. Le gouvernement anglais cherche à y activer la production en l'aidant de toutes sortes d'avantages fiscaux, alors qu'il tente à la même époque de taxer la culture du sucre. Les plantations furent situées sur les flancs du Pic du Mont-bleu, à une altitude de près de 2 000 mètres, qui donnent des cafés d'une qualité exquise, le célèbre "Blue Mountain", dont les quantités produites aujourd'hui sont cependant insuffisantes pour emplir un cargo, d'où son prix élevé.

Saint-Domingue multiplie sa récolte par onze entre 1755 et 1789, contrôle 50 % de l'offre mondiale

C'est dans la partie française de l'île de Saint-Domingue que la production du café prit sa vraie dimension, grâce aux progrès dans le transport maritime, rendant son prix enfin abordable, et à la concurrence entre ports français au 18e siècle. Vers 1790, il sortait annuellement 36 à 40 millions de kilos de Saint-Domingue, tandis que la Martinique et la Guadeloupe en livraient aussi de 7 à 8 millions chacune.

L'empire colonial français connut en particulier une "révolution du café de Saint-Domingue" entre 1755 et 1789, quarante années qui virent sa production multipliée par onze, passant de sept à 77 millions de livres, soit la moitié de l'offre mondiale. Cette progression se fait entièrement par défrichement, car durant une période assez proche (1763 à 1789), la production sucrière de Saint-Domingue a doublé pour atteindre 40% de l'offre mondiale. À la même époque, la Jamaïque n'en produit qu'un million, 77 fois moins.

Dans la partie plus centrale de Saint-Domingue, proche de la frontière espagnole, les colons français ont défriché le sommet des montagnes pour planter massivement des caféiers, ce qui a appauvri les sols et favorisé le ruissellement. Ces colons avaient vendu leurs plantations de sucre aux espagnols après la guerre de sept ans et on utilisé l'argent pour acheter de nouvelles terres moins cher.

Le succès massif du café transforme l'île et fait exploser les chiffres de la traite négrière, dont une partie sont masqués pour des raisons fiscales. Dans les 5 années précédent la révolution, Saint-Domingue importe 28.000 esclaves par an, deux fois plus que dans la période 1766-1771. Au cours de cinq années, l'exportation de coton augmente d'un tiers.

Calculée en quintaux, la production caféière de l'île atteint 950.000, soit 95,000 tonnes, pour la plupart réexportées. À Marseille, 90% du café réexporté part en Turquie. En 1789, sur39,000 tonnes de café importé en France, 34.000 viennent de Saint-Domingue, dont la production caféière rapporte presque autant que celle du sucre. La production de coton, en pleine explosion aussi rapporte 16,5 millions de livres, 60% de plus que celle d'indigo.

La Jamaïque, partie de zéro, prend le relais en 1789

En 1789, les colonies françaises rapportaient 8 millions de sterling à la France et la moitié de ses exportations totales. C'est seulement 6 millions pour les Antilles anglaises, dix ans plus tard, même si la Jamaïque a comblé une partie du vide. Une partie des planteurs de Saint-Domingue fuyant à la Jamaïque, cette dernière voit sa production de café passer d'un million de livres en 1789 à 34 millions en 1814, avant de revenir à 17 millions en 1834, en raison de la concurrence cubaine et brésilienne et des dégâts causés par la déforestation massive des zones montagneuses.

Par ailleurs, l'expansion est vite stoppée par l'interdiction de la traite négrière sur les territoires anglais, à partir de 1806, qui fait flamber le prix des esclaves revendus aux planteurs de coton américain.

Le café de Jamaïque restera une appellation recherchée, en particulier celle qui porte le nom de Blue Mountain, au prix très élevé car la récolte annuelle ne suffit pas à remplir un cargo entier.

Cuba, et Mexique et bientôt le géant brésilien

À Cuba, les exportations de café sont passées de zéro avant 1789 à 10,000 tonnes en 1810 et 20.000 dans les années 1820, le Brésil ne lui prenant sa place de leader mondial que dans les années 1830.

Le café commence à être cultivé dans d'autres colonies anglaises, en particulier à Ceylan, mais les plantations sont ravagées par une maladie et sont finalement remplacées par des plantations de thé. Les cafiers de l'île de Ceylan et ceux des Nilgherries de l'Inde anglaise, appartiennent à ces excellentes races montagnardes, ainsi que la majeure partie de ceux du Yémen qui, dans leurs vallons élevés, essuient parfois des nuits très froides sans que les cafés de Moka laissent d'être les meilleurs du monde.

La culture du café s'est ensuite étendue aux colonies espagnoles, dont Cuba le Mexique et l'Amérique centrale entre 1748 et 1790.

Le premier cafier cultivé au Brésil, le fut dans le jardin d'un couvent de moines franciscains, non loin de Rio de Janeiro qui le présentèrent au vice-roi Lavrado, en 1774. Celui-ci les distribua à des colons, et l'on établit çà et là de petites plantations qui ne s'agrandirent ou se multiplièrent qu'à partir de 1813, après l'abolition du blocus continental en Europe.

Référence: Wikipédia

Une nouvelle histoire du café

Avril 2010

Fiches d'actualité scientifique

Fleurs de Coffea liberica

Fleurs de Coffea liberica - © IRD/Jacques Louarn IRD/Jacques Louarn

Le café est aujourd’hui la première richesse de nombreux pays tropicaux. Seules deux espèces sont cultivées, qui produisent les célèbres Arabica et Robusta. Mais il existe au total près de 120 espèces sauvages, qui ont colonisé en 400000 ans toute l’Afrique équatoriale et la région malgache à partir de leur origine, en Basse Guinée. C’est ce que montre une récente étude de chercheurs de l’IRD et de leur partenaire brésilien, grâce au séquençage de l’ADN de 26 espèces. Jusque là, du fait de la présence des caféiers en Afrique, à Madagascar et en Inde, les botanistes pensaient que les arbustes provenaient de la corne de l’Afrique, avant que le supercontinent Gondwana ne se disloque, il y a plus de 100 millions d’années. Ces travaux réorientent les recherches sur le génome du café, en vue de l’amélioration de cette plante d’un grand intérêt agronomique et socio-économique.

Il était une fois un jeune berger du nom de Kaldi, qui découvrit ses chèvres dans un état d’agitation inhabituel après avoir brouté les baies rouges d’un arbuste qui lui était inconnu. Le café aurait ainsi été découvert en Ethiopie au VIIIe siècle. Mais la légende ne dit pas que, bien avant d’être cultivés dans plus de 50 pays tropicaux, les caféiers sont nés en Basse Guinée, en Afrique centrale atlantique. C’est ce que viennent de montrer des chercheurs de l’IRD et leur partenaire brésilien dans une étude sur l’origine, la diversification et l’expansion des plants sauvages de café.

Les origines du café

Fruits de Coffea pseudozanguebariae

© IRD / François Anthony

Les différentes espèces de caféiers sauvages se sont dispersées dans toute l’Afrique équatoriale et au-delà grâce à leurs fruits, ici de Coffea pseudozanguebariae.

Avec près de 120 espèces connues, la taxonomie des caféiers est complexe. « Très peu d’études sur leur phylogénie ont été menées jusqu’ici, affirme François Anthony, directeur de recherche à l’IRD et co-auteur de ces travaux. Celle-ci demeurait mal définie. » Grâce à l’analyse de séquences d’ADN de 26 espèces différentes du genre Coffea, le chercheur et son équipe ont établi deux lignées évolutives distinctes : une que l’on retrouve sur toute l’aire de distribution actuelle des caféiers, de l’Afrique de l’Ouest jusqu’à Madagascar, et une autre qui n’existe qu’en Basse Guinée. Cette région, connue pour la richesse de sa flore, présente la plus grande diversité au niveau des séquences d’ADN. C’est donc un centre de spéciation majeur pour les caféiers. C’est aussi de Basse Guinée, et non du Kenya selon l’hypothèse émise dans les années 1980, que seraient originaires les arbustes. « La distribution actuelle des caféiers en Afrique, à Madagascar et jusqu’en Inde laissait penser à la présence en Afrique de l’Est de formes ancestrales, qui auraient ensuite été isolées par la dislocation du supercontinent Gondwana, il y a plus de 100 millions d’années », explique le généticien.

Une histoire très récente

Fruits de Coffea brevipes© IRD / François AnthonyFruits de Coffea brevipes.

L’équipe de recherche remet complètement en question cette échelle de temps : l’origine des arbustes ne remonte qu’à seulement 400 000 ans. Les scientifiques ont défini une horloge moléculaire pour estimer l’âge des caféiers grâce aux séquences d’ADN d’une espèce d’un genre proche (Rubia), dont l’origine est datée du Miocène supérieur. Ils ont ainsi calibré le pas de temps de l’évolution du café et reconstitué son histoire. C’est la première tentative de datation de leur origine.

Explosion taxonomique du café

Au cours des derniers 400 000 ans, le climat de la planète a été marqué par une succession de cycles de glaciation/déglaciation tous les 100 000 ans environ. D’où une grande variabilité climatique et des phases d’intense refroidissement qui se sont manifestées par des sécheresses accrues jusqu‘à l’équateur. Lors de ces périodes arides, la flore a survécu dans des régions propices aux forêts, dites « zones refuges », souvent situées en altitude ou à proximité des océans, telle que la Basse Guinée. Ces régions sont aujourd’hui connues comme des points chauds de biodiversité. A l’inverse, au cours des périodes interglaciaires, plus chaudes et humides, la forêt tropicale et sa flore se sont déployées. « Les caféiers ont connu une vague de dispersion qui leur a permis, à partir de leur région d’origine, de coloniser tous les types de forêt en Afrique équatoriale et dans la région malgache, depuis les forêts sempervirentes, « toujours vertes », aux forêts galeries, entourées de savane », raconte François Anthony. Les espèces se sont alors diversifiées : « au cours de leur histoire récente, les forêts africaines ont connu une véritable explosion radiative des plants de café », commente le chercheur. 
En tant qu’arbustes de sous-bois, les caféiers sont particulièrement menacés par les modifications environnementales.

A ce titre, ils sont des témoins des perturbations subies par les forêts tropicales au cours des derniers 400 000 ans, notamment en réponse aux changements climatiques. Leur étude permet de retracer l’histoire des forêts.
Compte tenu de leur évolution très récente et de la rapidité de leur diversification et dispersion, il y a peu de différences entre les gènes d’une espèce de café à l’autre, mais beaucoup au niveau de leur expression. « Les conclusions de notre étude réorientent donc les recherches sur la génétique du caféier, en vue de l’amélioration de cette plante d’un grand intérêt agronomique et socio-économique », conclut François Anthony. Son génome est en cours de séquençage par les chercheurs de l’IRD et leurs partenaires

© IRD/Geneviève MichonOriginaires de Basse Guinée, les caféiers ont colonisé au cours des derniers 400 000 ans les forêts d’Afrique (ici en Éthiopie) et de la région malgache. Il en existe aujourd’hui près de 120 espèces.


1. Ces travaux ont été réalisés par des chercheurs de l’unité « Résistance des plantes aux bioagresseurs » (UMR IRD / Université Montpellier 2/ CIRAD) en collaboration avec le Conselho Nacional de Desenvolvimento Cientifico e Tecnologico du Brésil.

2. Ces recherches sont menées en partenariat avec le Génoscope/CEA et le CIRAD.

Référence IRD Rédaction DIC – Gaëlle Courcoux